Apprendre dans la durée : la difficulté de la persévérance

Vous avez réussi à mettre le pied à l’étrier à votre enfant récalcitrant en lui proposant une méthode pour apprendre le français. Vous avez même réussi à en trouver une facile et ludique ! Mais voilà, deux semaines plus tard, vous n’avez plus l’envie ni le courage et votre enfant traîne des pieds pour faire ces exercices pourtant censés le distraire tout autant que lui apprendre les subtilités de la langue de Molière. Comment faire preuve de persévérance sans que cela soit vécu dans la douleur ?

Voici plusieurs années que je me prête au jeu du mois de novembre proposé par le NaNoWriMo (National November Writing Month)*. Un défi simple : écrire un roman (ou ce que l’on souhaite !) de 50 000 mots en un mois. J’ai voulu donc essayé et la première fois a été très difficile. Trouver le rythme, se battre contre ses démons (le terrible « c’est n’importe quoi, là, ce que tu écris ! »), s’imposer une discipline et ne jamais baisser les bras. C’est lors de la deuxième année que j’ai trouvé et compris beaucoup de choses. Des choses que je partage bien sûr avec mes petits écrivains-ninjas. Et l’une des plus grandes choses que j’ai réussi à maîtriser (du moins, lorsque j’écris) c’est la persévérance.

1. Le rituel

L’idée est de rattacher le français à une habitude déjà existante. Vous faites un goûter tous les jours à la même heure ? Pourquoi ne pas faire ensuite une activité autour du français ? Le fait d’ancrer dans le quotidien ces leçons permet d’éviter à votre enfant de le remettre continuellement en cause. Cela devient une normalité comme l’enchaînement « je me brosse les dents, je me mets en pyjama, je me couche ». Peur de la routine ? Proposons des activités variées d’un jour à l’autre : lecture, écriture libre, petits exercices…

2. L’engagement

On le sait, lorsque l’on a partagé avec une tierce personne le fait que nous allions faire ceci ou cela, nous nous sentons dans l’obligation de le faire. L’exemple simple est celui de la salle de sport. Si vous y allez seul, vous aurez tendance à trouver facilement des excuses pour ne pas y aller. Dès lors que vous avez dit à quelqu’un que vous y alliez ou que vous retrouvez quelqu’un sur place, la motivation pour sauter dans ses baskets n’est plus la même. Pour le français, c’est pareil. Si votre enfant s’est engagé auprès de quelqu’un (ce peut être vous mais ce peut être aussi un membre extérieur de la famille) pour, par exemple, finir de lire ce livre en français d’ici un mois, il mettra tout en œuvre pour y arriver. Se décevoir soi-même est une chose, décevoir les autres en est une autre ! Par contre à l’inverse, lorsqu’on a réussi grâce à quelqu’un, nous avons une meilleure image de nous-même.

3. Un rôle actif

Souvent nous imposons des activités de français à nos enfants parce que nous avons étudié les différents points académiques que le programme propose ou parce que nous savons que ce programme peut l’intéresser. De ce fait, l’enfant devient passif et ne fait que « subir » l’enseignement du français. Pourquoi ne pas lui donner la possibilité de choisir ? L’inviter à s’engager lui-même dans sa propre éducation va lui permettre de se rendre responsable. Il pourra ainsi de lui-même mettre en œuvre un planning, des objectifs, et pourquoi pas, imaginer ses propres méthodes d’apprentissage ! Du rôle passif au rôle actif, votre enfant a tout à y gagner !

4. La célébration

Ne pas confondre « célébration » et « récompense ». Dans un cas, on reconnaît ce qui a été fait, on regarde les progrès et on fête le travail et les efforts effectués. Dans l’autre, on donne dès le départ la « carotte » qui fera avancer l’enfant. Il n’apprendra pas alors le français pour le plaisir de cette langue, mais bien pour récupérer la récompense. Résultat : un enfant qui fait le minimum, qui s’implique peu dans son apprentissage, et qui ne sait pas reconnaître le fruit de son travail. Le fait de célébrer, c’est à un moment donné, s’arrêter et regarder où nous en sommes. C’est voir le trajet parcouru depuis le début. C’est faire la liste de tout ce que l’on sait désormais. À partir de là, on peut reprendre l’apprentissage pour s’améliorer et aller plus loin.

5. Le challenge

Apprendre ce que l’on sait déjà, c’est ennuyeux. Apprendre quelque chose dont on n’a aucune notion, c’est déstabilisant et décourageant. L’apprentissage optimal se trouve dans cette zone où l’on n’est pas trop loin de ce que l’on sait déjà mais où l’on découvre de nouvelles choses. C’est en allant un peu au-delà de ces limites que nous apprenons le mieux. Notre enfant vient de finir un chapitre ? Pourquoi ne pas en lire un deuxième ce soir ? Osons leur proposer d’aller un tout petit peu plus loin en leur donnant régulièrement de petits challenges à relever.

6. Ne pas être seul

Il est toujours délicat de trouver cet équilibre entre aider son enfant et le rendre autonome. On se rend compte que notre enfant a souvent envie d’être avec nous. Ce qui ne signifie pas qu’il a besoin de nous pour tout. Osons travailler à côté de lui pour l’inciter à se concentrer et lui montrer notre disponibilité, mais sans pour autant intervenir sur ce qu’il fait. Nous lui montrons ainsi la confiance que nous avons en lui et il nous montre qu’il en est capable. Et notre soutien est indispensable pour qu’il puisse continuer un peu plus chaque jour. Pourquoi ne pas aussi envisager un accompagnement ? Ce soutien extérieur permet parfois à l’enfant de se libérer du regard familial et d’oser un peu plus.

7. Le plaisir et la joie

Ne pas oubliez que le plaisir est un carburant essentiel pour l’apprentissage. Nous recherchons tous des méthodes ludiques, mais la méthode ne fait pas tout. C’est aussi l’état d’esprit qui va jouer. Misons donc sur l’enthousiasme et la joie d’apprendre !

 

Découragement, baisse de motivation, manque d’intérêts, abandon. J’aurais pu facilement tomber dans ces pièges pendant le NaNoWriMo. Mais grâce à l’alchimie complexe que je viens de vous décrire, j’ai pu tenir et j’ai dans les mains ce jour le premier jet d’un roman de plus de 50 000 mots. La persévérance est à portée de main : elle demande un ensemble d’ingrédients qui, mis les uns avec les autres, vous porte. « Persévérance » ? À ce mot, je préfère d’ailleurs celui de « passion » : le même élan, mais la notion de difficultés moins présentes.
À nous, parents, d’offrir à nos enfants tout l’enthousiasme nécessaire pour que le français ne soit plus une matière rébarbative mais bien un merveilleux moyen d’expression.

 

Et vous ?
Quelles tactiques avez-vous mises en œuvre
pour aider votre enfant tous les jours à apprendre le français ?

N’hésitez pas à partager votre expérience en laissant un commentaire ci-dessous !

 

*À savoir, ce challenge existe aussi pour les enfants : https://ywp.nanowrimo.org/