« Story a day » : 12 mai 2015

La randonnée

Chaussures de randonnéeComment allait-elle s’en sortir ? Voilà quatre heures qu’elle avait entrepris cette randonnée. Elle venait tout juste d’atteindre le sommet. Elle savait que le dernier bus était à dix-huit heures et que le suivant serait le lendemain matin. Il ne lui restait que deux heures pour redescendre. Pas de téléphone portable. Pas de GPS pour savoir ce qu’il lui restait à parcourir.
Cela faisait une heure qu’elle n’avait plus croisé personne.
La tension montait. Elle marchait rapidement essayant de ne pas penser à ce qu’il pouvait arriver. Elle essayait de profiter du paysage. Mais les pensées revenaient tout de même… que ferait-elle si elle arrivait trop tard pour prendre le bus ? Y aurait-il quelqu’un pour l’aider ? Rentrer à pied lui prendrait encore plusieurs heures et elle n’était même pas certaine de la direction à prendre !

Et puis elle l’avait vu. Petit point rouge au loin qui montait une échelle pour atteindre une autre crête. Elle avait crié et fait de grands signes. Elle se moquait de ce que l’on pourrait penser d’elle. Elle n’en pouvait plus d’être toute seule. La silhouette s’arrêta sur la crête. Elle semblait l’attendre. Elle redoubla d’effort pour la rejoindre.

Lorsqu’elle gravit les derniers barreaux de l’échelle, elle vit qu’il s’agissait d’un homme d’une trentaine d’année, coréen. Il lui sourit. Elle tenta de lui expliquer sa situation en anglais puis en français, mais l’homme ne fit qu’hausser les épaules pour lui indiquer qu’il ne parlait ni l’une ni l’autre des langues. Elle fit alors des gestes dans tous les sens. Mais le visage de l’homme lui indiqua rapidement que c’était inutile. Il l’invita d’un geste de la main à continuer.

Ils marchèrent côte à côte en silence. Elle pensa soudain à se présenter. Il comprit et se présenta à son tour. Elle lui montra les horaires du bus. Puis elle lui dit la seule chose qu’elle connaissait par cœur en coréen : son adresse. Il lui fit signe qu’il la conduirait chez elle. Elle se sentit soulagée.

Elle appréciait cette marche silencieuse. Elle basait son rythme sur celui de l’homme. Malgré l’intensité de l’effort, la fatigue lui paraissait moins présente que lorsqu’elle était seule.

Elle n’eut pas son bus. Il la ramena chez elle. Et elle retint de cette expérience une complicité unique avec un parfait étranger qu’elle ne revit jamais.

[Histoire basée sur une expérience réellement vécue.]


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