Il s’avance. Casque sur la tête, batte à la main. Il se met en position. Genou plié, batte en l’air, coude relevé. Il tente quelques swings. Il tape deux fois sa batte par terre, comme il a vu les pros le faire, et reprends sa position.
Le lanceur lui crie un « Ready ? ». Il hoche la tête.
La balle file. Son swing, pourtant parfait, la rate ! Il entend « Nice swing ! ».
Il reprend sa position pour la deuxième balle.
Il entend son équipe chanter à tue-tête « Let’s go, Johnny, let’s go ! ».
Il se rappelle les conseils de son coach et prend une grande inspiration.
La balle décrit une parabole. Swing.
Raté une nouvelle fois. Il s’est trop précipité. Il le sait.
Son équipe chante encore.
Troisième balle. Cette fois, il entend le bruit de l’impact de la balle sur sa batte et ressent l’onde de choc dans ses bras. Il jette sa batte et court vers la première base sous les cris euphoriques de ses camarades. Il est sur le point de toucher la base lorsqu’il entend « Foul ball ! ». La balle n’est pas bonne, elle est sortie du terrain.
Il retourne prendre sa batte et se remet en place. En « minors », ils ont droit à sept essais.
Septième balle… cette fois, il veut l’avoir. Il va l’avoir. Il se concentre sur cette balle. Le lanceur l’envoie, il fait un swing… et la rate encore. Il est éliminé. Des larmes lui montent aux yeux.
Soudain, tout autour du terrain, des applaudissements retentissent.
Son équipe, l’équipe adverse, ses proches, les simples spectateurs.
Son coach s’approche et lui fait un « high five »: « Good job, Johnny ! »

Cet esprit sportif que j’ai ressenti au travers des matchs de base-ball de mes enfants, je le chéris particulièrement. Ici, on sait que l’enfant ressent de la frustration. On sait qu’il aurait aimé l’avoir, cette balle. Mais on sait aussi qu’il a donné tout ce qu’il pouvait.
Et on lui montre qu’on a vu sa persévérance, qu’on a vu qu’il avait donné le meilleur de lui-même. Oui, il est éliminé et c’est OK ! On applaudit ! Je suis extrêmement fière que mes enfants aient la chance de faire du sport dans cet état d’esprit. Et je suis certaine que cette expérience va les aider tout au long de leur vie.
Et je sais que  je suis moi aussi influencée ! Et je souhaite sincèrement garder cet état d’esprit pour accompagner les enfants dans le défi des langues.

La partie suit son cours. C’est de nouveau au tour de Johnny. Il reprend place. Il se met en position. Cette fois, il a la niaque ! La balle arrive, son corps se tourne, il déploie son bras et la batte frappe la balle de plein fouet. Le coup est puissant. La balle vole haut dans le ciel. Très haut.